Terra ― Le Pavillon du Développement Durable : Étude de cas   Dubaï, EAU

L’enjeu central pour la conception de Terra était d’atteindre un bilan énergie et eau neutre. Le Pavillon devait en effet permettre aux Émirats Arabes Unis de promouvoir auprès de leurs voisins les dernières innovations en matière de production d’énergie et de gestion de l’eau, mais également de partager avec un public international un message d’espoir pour la nature et le progrès technologique. Porté par le promoteur Emaar Properties, le projet a donc été conçu comme une structure permanente destinée à accueillir à terme un musée dédié au développement durable.

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Plutôt que d’être envisagée comme une contrainte parmi d’autres, l’idée de durabilité s’est ici imposée comme le critère central pour tous les choix techniques et architecturaux du projet. Le Pavillon explore ainsi le potentiel d’une architecture et d’une société autosuffisantes et régénératives, avec l’ambition de sensibiliser des milliers de visiteurs aux impacts, positifs comme négatifs, de leurs habitudes au quotidien.

Le choix d’une démarche régénérative permet de déplacer les enjeux de l’architecture durable : il ne s’agit plus simplement de ralentir l’entropie ou de réduire les impacts négatifs, mais de donner aux sociétés les moyens d’avancer vers davantage de richesse, à la fois sociale, économique et écologique.

La clé de notre approche a donc consisté à élaborer une matrice de classement des opportunités du projet et du site, ce qui a permis à l’équipe de prioriser les solutions offrant le plus haut potentiel de valeur ajoutée pour le maître d’ouvrage et le territoire dans lequel le site s’inscrit. Pour ce projet, les réflexions se sont ainsi orientées vers une combinaison de stratégies de conception passive, d’optimisation énergétique et de génération d’énergie sur site.

Afin de proposer un projet durable et régénératif, Grimshaw a donc commencé par poser un cadre de performances rigoureusement défini et structuré autour de 11 axes. Pour chacun de ces axes, des objectifs et des cibles ont été fixés pour construire des stratégies et des systèmes, afin d’aboutir, grâce à une analyse et des simulations précises de co-optimisation, à un ensemble de solutions pleinement intégrées. Certains choix stratégiques sont d’ailleurs intéressants par leur souci de privilégier des solutions sobres, passives et bas carbone en réponse à une volonté ambitieuse de proposer un projet avec un bilan énergie et eau neutre.

Pour le volet énergie, la principale difficulté était d’assurer la neutralité énergétique du bâtiment à l’issue de l’Exposition (en mode héritage). La problématique tenait en effet à la nature énergivore de la programmation ; le projet devait donc générer suffisamment d’électricité photovoltaïque sur site pour répondre à ces besoins. En ce qui concerne le bilan eau, il s’agissait de garantir la neutralité aussi bien en mode Expo qu’en mode héritage, au vu des volumes d’eau nécessaires pour entretenir les jardins sur un site relativement sec, et donc de prévoir des équipements de recyclage de l’eau pour couvrir ces besoins.

En termes de partis pris pour tenir nos objectifs de sobriété énergétique, nous avons notamment privilégié le refroidissement passif, avec une toiture canopée de 130 m de diamètre et une construction enterrée, associé à un choix de matériaux à haut coefficient U pour les murs et la toiture, afin de réduire les consommations de climatisation. 

Le concept pour la toiture du bâtiment principal s’inspire du ghaf, un arbre résistant à la sécheresse qui reste vert même dans les environnements désertiques et qui est essentiel à la survie d’autres espèces animales et végétales. Le dragonnier de Socotra, endémique d’un archipel de la Mer d’Arabie, a quant à lui servi d’inspiration pour la structure de la toiture, des Arbres d’énergie et des Arbres d’eau. Sa ramification dichotomique et son port en parasol créent un ombrage dense qui prévient l’évaporation : une adaptation cruciale pour survivre au climat aride de la région.

Pour ce qui est des objectifs eau, le bâtiment ne consomme rien du réseau municipal d’eau potable : le Pavillon génère 100 % de ses besoins en eau grâce aux dispositifs sur site. Le programme intègre en effet un éventail de stratégies et de technologies innovantes, notamment pour le recyclage ou le réemploi des eaux usées, qui ont exigé des dérogations et des autorisations de la part des autorités locales. Le Moyen-Orient enregistre d’ailleurs des consommations d’eau exceptionnellement fortes alors même que la ressource y est rare. C’est donc là un message important que le projet souhaitait faire passer aux visiteurs dans l’objectif de changer les habitudes dans ces territoires.

L’intensité du rayonnement solaire et de l’ensoleillement constituait à la fois un défi et une opportunité pour ce projet. Les Arbres d’énergie (E-Trees) ont été conçus aussi bien pour produire de l’électricité que pour apporter de l’ombre.

Ils sont équipés de cellules photovoltaïques, y compris en sous-face, afin de capter les rayons réfléchis pour maximiser le potentiel de production. Les Arbres d’eau (W-Trees) exploitent quant à eux une méthode de collecte passive de la rosée (rendement moyen quotidien de 30 litres), qui tire parti des brusques changements de température au coucher du soleil : lorsque la surface interne des cônes baisse en température, celle-ci se charge de gouttelettes d’eau collectées dans une cuve, qui sert à irriguer le paysage performant du site pour accroître ses bénéfices écologiques, notamment pour assurer le confort thermique des visiteurs.

Alignement sur les Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU :

Légende :

1. Toiture – Équipée de 1 055 panneaux solaires (8 000 m2), la toiture de 135 m de diamètre est multifonctionnelle.

2. Consommation énergétique – Le bâtiment couvre 100 % de ses besoins en électricité (pour un total annuel de 4 GWh), en partie grâce à des stratégies d’économie d’énergie adoptées dès la conception du projet.

3. Bâti enterré – Le Pavillon est construit partiellement en sous-sol, offrant ainsi une protection thermique qui assure un air ambient généralement plus frais qu’à l’extérieur.

4. Lumière naturelle– La lumière naturelle est exploitée là où cela est judicieux, grâce à une série de conduits de lumière et de systèmes à fibre optique intégrés dans le bâti pour amener la lumière naturelle dans les profondeurs du bâtiment.

5. Ombrage – L’ombre apportée par la toiture réduit les consommations d’énergie dans les espaces d’exposition intérieurs en limitant l’exposition au rayonnement solaire.

6. Eau – L’eau de pluie est collectée et acheminée vers les jardins afin de recharger le sous-sol et de compenser l’extraction d’eau, traitée pour l’alimentation en eau potable, en accord avec nos ambitions net zéro eau.

7. Écologie – Dans un paysage de végétation endémique et adaptée au climat, de nouvelles espèces ont été introduites comme sources de ressources alimentaires et de biocarburants.

8. Arbres d’énergie (E-Trees) – Pas moins de 18 arbres, coiffés d’un disque pivotant autour d’un axe central, servent de support supplémentaire à plus de 4 000 m2 de panneaux photovoltaïques, générant près de 2,6 GWh par an.

9. Confort – De par sa forte inertie thermique, le sous-sol est généralement plus frais que l’air ambiant aux heures d’occupation du bâtiment.

10. Refroidissement nocturne – Au sud-est, un paysage plus bas a été aménagé pour maximiser l’apport d’air frais pendant la nuit.

11. Matériaux toiture – La toiture a été construite en acier à 97 % recyclé. Pour réduire encore davantage l’empreinte carbone du Pavillon due au transport des matériaux, le site choisi pour la production des éléments en acier se trouve à 15 minutes du site.

12. Ciment et réduction du carbone incorporé – Parmi les stratégies déployées pour réduire la consommation de ciment, l’équipe a choisi de réaliser environ 10 900 m2 de dalles Bubble Deck pour les planchers des étages supérieurs, une technique qui permet d’économiser près de 25 % de ciment, et d’utiliser moins d’acier, qu’une dalle en béton massif.

13. Éducation L’aménagement des différents espaces d’exposition a été conçu pour faciliter l’apprentissage pour les groupes scolaires ou autres usages organisés, particulièrement en mode héritage.

Caractéristiques de durabilité

Nature du site

Terrain vierge de nature désertique

Typo-morphologie / Zone climatique

Zone campus / 1B (ASHRAE)


Écorégion

Paléarctique / Désert d'Arabie et brousses xériques saharo-arabiques orientales


Énergie/Carbone opérationnels

Ambition net zéro énergie en mode héritage

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Consommation prévisionnelle : 226 kWh/m2/an (consommation réglementée). Afin de tenir notre ambition net zéro énergie, les consommations devaient être réduites à terme à 180 kWh/m2/an

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Réduction de la consommation prévisionnelle par rapport à un bâtiment neuf équivalent : 42 %

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Type d’énergie, intensité carbone pour consommation annuelle : total production photovoltaïque sur site de 4,014 GWh, 100% renouvelable en mode héritage.

Carbone incoporé

Réduction des PRG par rapport à un bâtiment neuf équivalent : 41 %

Eau

Ambition net zéro eau en modes expo et héritage

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Le Pavillon est conçu comme une petite usine de traitement des eaux. Il réemploie l’eau issue de diverses sources : nappes saumâtres peu profondes, condensation due à la climatisation, eaux grises et eaux noires recyclées. Les eaux noires collectées sur site et via le réseau du quartier sont recyclées pour servir à l’irrigation.

Lieu
Dubaï, EAU

 
Certifications :
LEED Platinum (attendue), LEED Zero – Energy and Water (attendue)

 
Partner/Chef de projet :
Andrew Whalley/Mark Rhoads

 
Équipe projet :
Grimshaw, Rice Perry Ellis, ASGC, Buro Happold, Thinc Design, The Eden Project, Sherwood, Desert Inc., Cerami, Omnium, Emaar Properties, T|ME – Turner Construction Middle East

Maîtrise d’ouvrage
Expo 2020 Dubai UAE

Statut
Livré

Année
2020