Campus Boldrewood de l’Université de Southampton   Southampton, Royaume-Uni

En 2009, Grimshaw a été sollicité par l’Université de Southampton afin de proposer un plan directeur pour l’aménagement à long terme des quatre hectares du site de Boldrewood. Le brief consistait à concevoir des bâtiments et installations de pointe pour répondre à trois objectifs : positionner l’Université comme un pionnier de l’ingénierie d’excellence, lui permettre de multiplier les coopérations avec d’autres institutions et entreprises de premier plan, et enfin réaffirmer son statut en tant que premier centre britannique de recherche maritime. Au cours des dix années qui ont suivi, six projets de bâtiments indépendants ont vu le jour, qui composent aujourd’hui le campus d’innovation Boldrewood, pôle international d’innovation, d’affaires et d’enseignement.

Le campus Boldrewood est le plus gros partenariat université/industrie du Royaume-Uni et son Laboratoire national pour les infrastructures constitue un maillon important du programme de Collaboration pour la recherche sur les infrastructures et les villes (UKCRIC). Le plan directeur ambitieux imaginé par Grimshaw crée donc un pôle de recherche d’envergure internationale, où sont réunis le Laboratoire national pour les infrastructures, le Centre d’excellence pour l’ingénierie, un bâtiment d’Hydrosciences et le Centre international de technologie de la société Lloyd’s Register. Doté d’un budget de 140 millions de livres, le projet a également permis la construction d’un parking à étages, la rénovation des bâtiments existants et la mise en place d’une identité signalétique harmonisée.

L’occasion rare offerte à Grimshaw de dessiner le plan directeur du site et de livrer l’ensemble des installations a permis à l’agence d’imaginer une « famille » de bâtiments au design cohérent, qui confère au campus une identité forte et contribue positivement à l’expérience usager. Le site de Boldrewood est implanté sur un terrain urbain arboré, sur lequel subsistaient de grands sujets d’un arboretum victorien. Ces derniers ont donc été intégrés au projet afin de dessiner une frontière végétale en limite de propriété, faisant écho aux jardins résidentiels du voisinage et créant une transition naturelle entre le campus et son environnement.

Sobres et élégants, les nouveaux bâtiments affirment leur caractère architectural au travers d’éléments d’habillage simples et épurés qui puisent dans une palette commune de matières : calcaire du jura, bardage à cassettes en zinc, baguettes de terre cuite, aluminium anodisé, verre et planches de cèdre. Les constructions s’intègrent soigneusement dans le cadre existant de manière à respecter le paysage arboré du terrain et à bénéficier des impacts positifs d’une architecture biophile sur la santé et le bien-être des usagers.

Au cœur du programme, un espace végétalisé quadrangulaire sert de point focal au complexe. De part et d’autre de ce dernier, une pelouse en pente fait face à l’entrée des différents bâtiments. L’aménagement paysager a été réalisé en tenant compte des vues depuis les postes de travail ainsi que des circulations piétonnes entre les bâtiments. Il intègre par ailleurs une multitude d’espaces où chacun peut venir réfléchir, se détendre ou retrouver ses collègues

Reflet de l’esprit de collaboration interdisciplinaire au cœur du brief de l’université, la multiplicité et la proximité des équipements disponibles sur le campus favorisent les regards croisés entre les différents domaines d’étude et de recherche, et facilitent les rencontres avec les entreprises. Ainsi, le Centre d’excellence pour l’ingénierie accueille des laboratoires d’enseignement au sous-sol, des salles de séminaires, des espaces d’enseignement informel et un café au rez-de-chaussée, ainsi que trois étages de bureaux pour les chercheurs articulés autour d’un atrium. Le bâtiment est construit sur une dalle partagée avec le Centre international de technologie de Lloyd’s Register, qui héberge quant à lui un Institut maritime créé spécifiquement pour mener à bien des projets partagés par l’entreprise et l’Université.

De son côté, le Laboratoire national pour les infrastructures regroupe de multiples laboratoires lourds modulables, avec notamment une dalle d’essai de 30 x 15 m à renforcement multiaxial et une centrifugeuse, des open-spaces aux niveaux supérieurs, ainsi qu’un espace d’apprentissage informel ouvert au public au rez-de-chaussée. Enfin, le bâtiment d’Hydrosciences est conçu autour d’un immense bassin de traction de 138 mètres et abrite une chambre anéchoïque en double hauteur, ainsi que des laboratoires de chimie, des salles de séminaire, des open-spaces et des espaces de détente.

Tous les bâtiments ont été conçus de manière à laisser autant de flexibilité que possible dans les usages actuels et futurs. Cloisons et séparateurs d’espace permettent ainsi de restructurer facilement l’aménagement des plateaux, de même qu’au rez-de-chaussée, les espaces d’enseignement et d’étude informel s’ouvrent sur le café et sur les coins détente afin de maximiser leur fonctionnalité.

La modularité des espaces et leur adaptabilité aux usages futurs est l’une des principales stratégies mises en place pour garantir la durabilité du campus. Afin d’augmenter les performances énergétiques des installations, les apports solaires sont minimisés par l’emploi de panneaux d’occultation et le choix d’un système de vitrage qui limite les transferts thermiques et l’éblouissement tout en assurant une bonne illumination naturelle. Le tout est associé à une combinaison de solutions de ventilation naturelle et mécanique. Les efforts consentis afin de maximiser la lumière et la ventilation naturels ont ainsi permis de créer un environnement à la fois confortable et peu énergivore.

Ce système mixte, complété par des brise-soleil au-dessus de chacun des atriums, permet au bâtiment de fonctionner sans ventilation mécanique urant la majeure partie de l’année. Le soir venu, les soffites en béton brut sont refroidis, allongeant ainsi la période de l’année pendant laquelle le bâtiment est naturellement ventilé. Les systèmes mécaniques ne sont sollicités que lors d’épisodes de températures extrêmes, ce qui permet de réaliser des économies d’énergie substantielles. L’ensemble de ces systèmes ont été conçus pour rester opérationnels en cas de températures inférieures ou supérieures aux valeurs standard du cahier des charges, afin de garantir leur résilience aux évolutions du climat.

Pour réduire encore davantage les consommations d’énergie, les bâtiments intègrent également toute une batterie de solutions technologiques de pointe pour la gestion de l’éclairage, avec notamment un ajustement automatique de l’intensité lumineuse en fonction des apports en lumière naturelle ainsi que des détecteurs de présence, qui permettent de couper l’éclairage dans les espaces inoccupés. Une grande partie des installations est équipée de plafonniers LED qui participent aussi à une baisse des consommations d’énergie. Dans chaque bâtiment, le positionnement des circulations verticales a été pensé afin d’encourager les occupants à emprunter les escaliers plutôt que l’ascenseur, pour un gain à la fois de santé physique et d’économies d’énergie.

Le campus est alimenté en énergie par un système de production combinée de chaleur et d’électricité (CHP), grâce à une unité de cogénération intégrée au Laboratoire national pour les infrastructures. Si les laboratoires sont souvent très énergivores, l’ensemble des bâtiments du campus ont été testés à l’issue des travaux et ont démontré des performances supérieures aux seuils fixés par la règlementation, au-delà des standards BREEAM. Ces résultats permettent donc de minimiser l’impact des bâtiments sur l’environnement et de réduire considérablement leurs coûts d’exploitation.

La démarche de construction durable mise en place par le prestataire Wates a en outre permis de privilégier le recours à une main d’œuvre et une fabrication locales, toujours dans un souci de minimiser l’empreinte carbone des travaux. Un bon exemple de cette démarche est l’escalier acier en porte-à-faux du Laboratoire national pour les infrastructures, assemblé à Southampton par un spécialiste de l’acier, AW Jeffreys. De même, le choix des matériaux à l’intérieur comme à l’extérieur s’est porté prioritairement sur des matières durables comme le bois et le cahier des charges imposaient l’utilisation de bétons contenant de fortes concentrations de granulats recyclés.

Avant même la livraison des derniers éléments du complexe, l’excellence de la réflexion menée par Grimshaw était déjà reconnue, puisque le projet a remporté les le RIBA South Award en 2016 et le Civic Trust Award en 2017.

« La finalisation des travaux en avance sur l’échéance initialement fixée à 2020 a été rendue possible par un formidable effort collectif, dans lequel Grimshaw a joué un rôle central. À l’issue du chantier, l’ancien campus, avec ses installations humides, coûteuses à entretenir et difficiles à vivre, s’est transformé en une magnifique collection de bâtiments et d’espaces paysagers parfaitement pensés. Si le chemin n’a pas toujours été facile, nous avons eu beaucoup de chance de pouvoir compter sur une équipe qui est toujours restée soudée dans l’enthousiasme. Nous sommes ravis du résultat final ».

Kevin Monaghan, Directeur des propriétés et des installations pour l’Université de Southampton

Lieu
Southampton, Royaume-Uni

Typologie
Enseignement et Recherche →

Maîtrise d’ouvrage
Université de Southampton

Statut
Livré

Année
2020

Photographie
Jim Stephenson, Diane Auckland Fotohaus Ltd